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La goutte d'eau...

Comment passer à côté des derniers évènements chauds qui pertubent les nuits et les jours dans certaines villes et banlieues françaises ? Impossible...

Dimanche soir, je discutais sur IRC avec mon pote Mika. Il me demandait comment ça se passait chez moi (j'habite en banlieue parisienne, dans le 92, je précise). A moi de lui répondre que :

  • pour l'instant (à l'heure où je lui parlais), il n'y a rien eu de sérieux ou de grave qui s'était passé
  • le 92 est à mon sens hyper-fliqué : c'est le fief de Nicolas Sarkozy qui est à la tête du Conseil Général
  • il y a très peu de banlieues dans le 92, mais il y en a quand même, et pour l'instant je ne me sentais pas en insécurité dans la mienne...

J'ai dû parlé trop tôt.

Le lendemain matin, j'apprenais que des petits cons (je ne peux pas les appeler autrement, c'est mon choix) ont jeté des pierres sur un bus, et ces jets ont blessé un bébé.

Mon agenda a fait m'éloigner de Paris jusqu'à cet après-midi avec des collègues de boulot. Habitant pour la plupart dans Paris et en banlieue, j'ai eu l'occasion d'échanger avec eux sur "le feu" qui se diffuse en ce moment, aussi bien dans les faits que de façon abstraite. De chacun de dire que tout ce malaise, ces maux, ces ghettos volontairement créés, ça ne date pas d'hier. De chacun de dire que les mots dits et assumés par Nicolas Sarkozy ("passer les cités au karcher", "(se débarrasser des) bandes de racailles") n'y sont pas pour rien. Personne ne voit comment s'en sortir et revenir à la normale. Je pariais moi sur une dérive à l'américaine avec des couvre-feu (on y est), des guerres de gang, des milices et le bordel général (on n'y est pas encore, mais ..). Je regrettais le regard d'une police qui vient surveiller un vase clos, la banlieue, mais qui semble avoir perdu un contact humain avec les gens, quels qu'ils soient, jeunes ou moins jeunes, arabes, noirs, blancs, jaunes, gris et j'en passe... Alors qu'il y avait peu, il existait des îlotiers, intégrés dans ces lieux de vie, et jouant à fond la carte de proximité. Idem pour les adjoints de sécurité, parfois originaires des banlieues. Que des regrets, pas de réponse, pas d'idée, la peur. C'était lundi matin.

Des écoles maternelles et des collèges brûlés, des voitures incendiées par centaines (y compris près d'un foyer Sonacotra... lamentable), des gens agressés en pleine rue de jour, parce qu'ils s'opposent à des cons qui veulent faire/refaire ces conneries à n'en plus finir... Des hélicoptères dans la nuit au-dessus de certaines villes du 93, des gens qui s'organisent et annoncent officiellement la création de groupes de soutien aux pompiers et forces de l'ordre. Le Front National qui appelle à une manifestation lundi 14 novembre. Dominique de Villepin qui inaugure le sujet des banlieues à l'Assemblée Nationale, promettant argent (mais où ira-t-il réellement ?) et renfort au sein de l'Education Nationale (à quoi ça sert si les gosses sont obligés de quitter l'école avant le brevet, parce qu'ils n'y arrivent pas ?).

Ce soir, je rentre, je découvre que le gouvernement fait appel à une loi de 1951 pour "autoriser" les préfets à instaurer des couvre-feu. Bienvenue à Gaza.. euh à Alger.... euh en France (j'ironise...).

Où va-t-on ?

Je suis issue d'une autre banlieue, Vénissieux (Rhône-69). J'y ai grandi et fait la plupart de mes études. Je me considère comme paradoxalement chanceuse d'avoir un boulot payé tout juste pour pouvoir subvenir aux besoins de première nécessité (avoir un toit au-dessus de la tête, manger tout les jours, pouvoir m'habiller décemment, pouvoir me déplacer). Si aujourd'hui, je devais retrouver la plupart de mes "copains d'école", il y aurait vraiment des différences à constater entre leur évolution et la mienne. Cela ne m'étonnerait pas que certains soient tombés dans des trafics et/ou des consommations de drogue : obligés pour la plupart soit à quitter l'école très jeune (parce qu'elle n'a pas pu s'adapter à eux, à leurs problèmes scolaires d'abord), soit à ne pas pouvoir trouver de boulot convenable hors travail au noir. D'autres auront pu sans doute dérivé assez tôt pour ne pas tomber dans ce piège, et se résigner à habiter chez papa-maman avec un maigre salaire, et vivre le plus honnêtement possible selon le contexte. Avec de la chance, ils auront peut-être assez d'argent pour vivre seuls, et s'en sortir par eux-mêmes. Ou encore pour les quelques rares, ils auront pu s'investir dans une carrière artistique ou sportive, mais tout le monde ne s'appelle pas Zidane ou Mc Solaar. Les autres seraient au chômage.
Je n'aurais pas mon travail, il se peut bien que j'aurais fini comme eux, avec résignation, non s'en m'être battue pour m'en sortir coûte que coûte et ne pas finir femme de ménage. Je n'ai pas appris à lire, à écrire et fait ces études pour finir comme ma mère (dont je n'ai absolument pas honte et que j'aime). Sinon, je ne vois pas pourquoi avoir perdu tout ce temps et cet argent.

J'attends vraiment les politiques au tournant. Est-ce qu'ils feront comme d'habitude et ignoreront les solutions adéquates, à grand renfort de discours, de fric et de répression ?

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